Quel est le point commun entre une augmentation de 18,5% du prix médian d’un logement en Belgique depuis 2020, des taux d’intérêt des crédits hypothécaires passés de moins de 1% à parfois plus 4%, et un nombre de logements inoccupés estimé à minimum 100.000 en Wallonie ? Une crise majeure du logement… Lorsqu’on parlait du phénomène Airbnb et la grimpée des prix qu’il induisait, il est utile de rappeler que son modèle opportuniste ne fait qu’exacerber ce que le cocktail capitalisme & immobilier peut nous offrir de mieux. Vous l’aurez compris, le coupable, c’est évidemment la spéculation immobilière.
Quand on dit que le Belge à une brique dans le ventre, pour beaucoup de jeunes actifs, il devient très compliqué d’envisager de devenir propriétaire. Sans un sérieux capital de départ et/ou à moins d’engranger un endettement toujours plus important, qui peut encore se permettre un tel sacrifice ? En 2022, seuls 30% des acquéreurs avaient moins
de 30 ans, tandis que l’âge moyen d’un acheteur était de 39 ans. Tout porte à croire que les jeunes d’aujourd’hui devront sans doute vivre dans des habitations moins spacieuses que
celles dans lesquelles ils ont grandi.
Face à un marché défaillant régi par la financiarisation du foncier, une intervention de l’état est nécessaire. Celle-ci peut se traduire par plusieurs stratégies qui ont pour objectif principal la dissociation entre le terrain et le bâtiment. En ayant recours, par exemple, à l’emphytéose, les terrains appartenant déjà aux pouvoirs publics peuvent rester en dehors du marché.
La deuxième stratégie consiste à dissocier totalement la propriété du sol de celle des briques. En détenant la terre collectivement à des fins communautaires à long terme et en ne la vendant pas à des fins spéculatives, on conserve un accès abordable à la propriété pour une communauté spécifique, c’est le modèle du Community Land Trust. Les habitants
peuvent ensuite louer ou vendre leur propriété sans faire de plus-value, de manière à perpétuer le modèle pour les habitants suivants.
Si le premier Community Land Trust (organisme foncier solidaire) en Belgique était wallon, le CLTB (Community Landtrust Brussels) a déjà adopté cette approche dans une dizaine de projets pour lesquels il est subsidié par la Région bruxelloise. Dans ce type de projets, le but est de développer une cohésion et une responsabilité sociale envers le sol, considéré comme la propriété collective. Dans l’édition de décembre, un article complet sera consacré à ce sujet et nous vous parlerons de réalisations concrètes !
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